Upcycling et propriété intellectuelle : quelles précautions prendre ?

L’« upcycling » est une pratique très « tendance » consistant à créer de nouveaux produits à partir de produits existants. Elle permet de faire émerger de nombreux créateurs (notamment via les réseaux sociaux) et répond en outre à des problèmes écologiques puisqu’elle correspond à une logique d’économie circulaire. Toutefois, les produits authentiques initiaux sont susceptibles d’être protégés par des droits de propriété intellectuelle.

Est-il vraiment possible de faire ce que l’on veut avec les produits d’origine ?

La réponse est non !

Sans le consentement du titulaire du droit protégé, tout nouvel acte de commercialisation peut être constitutif d’une contrefaçon lorsque le produit d’origine subit une modification ou une altération.

Dès lors, le nouveau produit peut être considéré comme une contrefaçon si :

  • le produit d’origine (« vieux ») est protégé par des droits de Propriété Intellectuelle (marque, dessins et modèles, droit d’auteur…),
  • le nouveau produit (qui est, par définition, une version altérée/modifiée du premier) a été commercialisé sans le consentement du titulaire du droit protégé  

En outre, l’«upcycling » peut être considéré comme une pratique commerciale déloyale dans la mesure où ce procédé :

  • Est de nature à induire le consommateur en erreur, cette confusion pouvant porter sur l’origine du produit, ses qualités substantielles, ses accessoires ou sa composition (pratique commerciale trompeuse).
  • Permet également aux vendeurs de profiter indûment des investissements humains ou financiers, du savoir-faire ainsi que de la notoriété d’une marque sans rien dépenser (parasitisme).

Quelles sont alors les précautions à prendre ?

Avant toute transformation, vous devez vérifier si un/des droit(s) de propriété intellectuelle protège(nt) le produit que vous allez modifier et si la transformation que vous allez opérer porte atteinte à ces droits. Si les marques et les modèles sont en France des droits déposés et enregistrés, n’oubliez pas que le droit d’auteur protège également toute création à condition qu’elle soit originale, sans obligation de dépôt auprès de l’INPI ou autre organisme.

En tout état de cause la reprise de la marque ou du logo d’origine sur un produit transformé est, dans la majeure partie des cas, à proscrire, sans consentement du titulaire.

Pour éviter ces conflits, des contrats de licence peuvent être signés par les titulaires de droits de Propriété Intellectuelle qui peuvent y voir un moyen de surmonter l’interdiction de destruction des textiles invendus en France (depuis le 1er janvier 2022).

Et demain ?

L’upcycling est une activité qui va dans le sens de la protection de notre planète et constitue un enjeu majeur, à mettre en balance avec les droits de propriété intellectuelle.

Les titulaires de droits de propriété intellectuelle ont bien conscience de cet enjeu et ont d’ailleurs à cœur de modifier leur process et communiquent sur les mesures qu’ils prennent dans l’approvisionnement et les cycles de production, de la fabrication à la reprise de leurs produits.

D’ailleurs, le droit de la Propriété Intellectuelle a déjà été modifiée pour permettre une limitation des droits des titulaires de dessins et modèles à des fins de réparations et ce malgré les répercussions économiques sur les constructeurs automobiles.

L’avenir nous dira si l’upcycling va elle aussi recycler la matière !

Publié par

Caroline Huguet-Braun

Responsable du Bureau de Rennes