IA et propriété industrielle : Optimisez vos requêtes pour tirer le meilleur parti des LLM

Depuis la révolution ChatGPT en novembre 2022, le nombre de grands modèles de langage (LLM) explose - le nombre d’utilisateurs déçus aussi. Mais si le problème venait, au moins en partie, de la façon dont vos requêtes sont formulées ?

Formuler des requêtes optimisées pour des LLM : recommandations pour obtenir des réponses plus pertinentes

Prenons un exemple simple, réalisé sur ChatGPT le 28 octobre 2024 :

On note que la deuxième requête produit la traduction appropriée du mot « fan » dans ce contexte, à savoir « soufflante ». On note également que la réponse n’est pas parfaite : ChatGPT indique ici le mot au masculin alors qu’il est féminin en français. L’occasion de rappeler qu’un LLM ne garantit pas l’exactitude de ses réponses et ne remplace en aucun cas la réflexion et l’esprit critique humains, particulièrement pour les tâches complexes.

Mais la précision et la qualité de la réponse de votre LLM sera significativement améliorée, si vous allez au-delà d’une simple demande comme : « Traduis en français le rapport suivant » en précisant par exemple : « Tu es un traducteur technique. Traduis en français l’intégralité du rapport suivant, mot à mot, en respectant la terminologie spécifique du domaine technique et en utilisant la même traduction pour chaque terme tout au long de la traduction. Evite toute paraphrase, conserve la structure et la ponctuation d'origine. »

Lorsque vous rédigez une requête, précisez de manière claire l’action à réaliser (« traduis »), le rôle à adopter (« traducteur technique »), le contexte (« en respectant la terminologie du domaine technique ») et le format de la réponse attendu (« mot à mot, […] conserve la structure et la ponctuation d’origine »).

Le rôle de l’utilisateur est invisible mais essentiel, car l’intelligence du LLM dépend largement de la qualité de la requête d’entrée. Ainsi, pour améliorer la pertinence des réponses de votre LLM, il faut d’abord prendre le temps de poser la bonne question !

Anticiper les risques juridiques : pourquoi l'IA ne remplace pas l'expertise humaine en PI

Il est nécessaire de rappeler les deux points fondamentaux suivants : les LLM ne sont pas des experts en droit de la propriété industrielle, et ne garantissent par ailleurs en aucun cas l’exactitude de leurs réponses.

Les LLM n’ont que des connaissances générales et lacunaires en droit de la propriété industrielle. A l’inverse, les conseils en propriété industrielle (CPI) sont des experts spécifiquement formés pour interpréter et appliquer les lois complexes qui régissent la propriété industrielle. Ils comprennent les subtilités juridiques liées aux brevets, marques, dessins, modèles, ainsi que les spécificités de chaque juridiction. En effet, les législations en matière de propriété industrielle varient considérablement d’un pays à l’autre, et les réponses fournies par un LLM risquent de ne pas être adaptées au territoire concerné ou de combiner des informations issues de juridictions différentes. Ainsi, la rédaction, l’interprétation et la gestion de documents de PI nécessitent une rigueur juridique et une précision que les modèles de langage ne peuvent garantir seuls. Par ailleurs, les CPI adaptent leurs recommandations aux besoins stratégiques particuliers de chaque entreprise. Ils analysent le contexte spécifique de chaque innovation, la concurrence, les priorités d’affaires et les risques pour conseiller sur les meilleures stratégies de protection.

En outre, les LLM ne garantissent aucunement la fiabilité de leurs réponses, et répondent d’ailleurs avec assurance, que leur conclusion soit correcte ou fausse. A contrario, les CPI engagent leur réputation dans les conseils qu’ils prodiguent, ce qui les pousse à garantir la fiabilité et l’exactitude de leurs démarches. Ils jouent donc un rôle de garde-fou qu’aucun modèle de langage ne peut assumer. Les démarches dans le domaine de la propriété industrielle reposent sur un langage technique et juridique précis et une terminologie spécialisée. Les erreurs de traduction ou d'interprétation, même minimes, peuvent avoir des conséquences graves, telles que la vulnérabilité d'un brevet ou la perte de droits exclusifs. Contrairement aux LLM, les CPI savent interpréter les contextes juridiques et stratégiques de façon personnalisée et sur mesure, ce qui permet d'éviter des erreurs coûteuses.

Ainsi, si les LLM sont des outils complémentaires qui peuvent assister dans certaines tâches, seuls les conseils en propriété industrielle peuvent garantir une expertise juridique pertinente et adaptée, s’appuyant sur une compréhension approfondie du droit de la propriété industrielle.

Publié par

Pauline Cartan

Conseil en Propriété Industrielle
Mandataire en Brevets Européens